Dernière réponse de Job à ses trois amis
1Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit:
2Dieu qui me refuse justice est vivant!
Le Tout-Puissant qui remplit mon âme d’amertume est vivant!
3Aussi longtemps que j’aurai ma respiration,
Et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,
4Mes lèvres ne prononceront rien d’injuste,
Ma langue ne dira rien de faux.
5Loin de moi la pensée de vous donner raison!
Jusqu’à mon dernier soupir je défendrai mon innocence;
6Je tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas;
Mon cœur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours.
7Que mon ennemi soit comme le méchant,
Et mon adversaire comme l’impie!
8Quelle espérance reste-t-il à l’impie,
Quand Dieu coupe le fil de sa vie,
Quand il lui retire son âme?
9Est-ce que Dieu écoute ses cris,
Quand l’angoisse vient l’assaillir?
10Fait-il du Tout-Puissant ses délices?
Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu?
11Je vous enseignerai les voies de Dieu,
Je ne vous cacherai pas les desseins du Tout-Puissant.
12Mais vous les connaissez, et vous êtes d’accord;
Pourquoi donc vous laisser aller à de vaines pensées?
13Voici la part que Dieu réserve au méchant,
L’héritage que le Tout-Puissant destine à l’impie.
14S’il a des fils en grand nombre, c’est pour le glaive,
Et ses rejetons manquent de pain;
15Ceux qui échappent sont enterrés par la peste,
Et leurs veuves ne les pleurent pas.
16S’il amasse l’argent comme la poussière,
S’il entasse les vêtements comme la boue,
17C’est lui qui entasse, mais c’est le juste qui se revêt,
C’est l’homme intègre qui a l’argent en partage.
18Sa maison est comme celle que bâtit la teigne,
Comme la cabane que fait un gardien.
19Il se couche riche, et il meurt dépouillé;
Il ouvre les yeux, et tout a disparu.
20Les terreurs le surprennent comme des eaux;
Un tourbillon l’enlève au milieu de la nuit.
21Le vent d’orient l’emporte, et il s’en va;
Il l’arrache violemment de sa demeure.
22Dieu lance sans pitié des traits contre lui,
Et le méchant voudrait fuir pour les éviter.
23On bat des mains à sa chute,
Et on le siffle à son départ.