Martyre des sept frères
1En vérité, c'est pour cela que des adolescents devenus philosophes, grâce à la raison pieuse, ont dominé des tourments encore plus cruels. 2En effet, alors que dans sa première tentative, il avait été vaincu publiquement, n'ayant pu forcer un vieillard à manger des aliments impurs, le tyran ordonna avec véhémence d'amener d'autres Hébreux captifs : s'ils mangeaient des aliments impurs, ils seraient ensuite relâchés, mais s'ils refusaient, ils seraient torturés plus cruellement.
3Quand le tyran eut donné cet ordre, on lui amena, avec leur mère âgée, sept frères beaux, pudiques, de noble famille et charmants en tout. 4Les voyant placés autour de leur mère comme dans un chœur, il prit plaisir à leur vue et, frappé de leur belle apparence et de leur noblesse, il leur sourit. Puis il les appela près de lui et dit : 5« O jeunes gens, je suis plein de bienveillance et j'admire chacun de vous ; j'estime particulièrement la beauté d'un tel nombre de frères. Aussi non seulement je vous conseille de ne pas verser dans la même folie que ce vieil homme qui vient d'être torturé, mais je vous exhorte à me céder et à jouir de mon amitié. 6De même que je peux châtier ceux qui désobéissent à mes ordres, j'ai le pouvoir de faire du bien à ceux qui m'obéissent. 7Faites-moi donc confiance, et vous recevrez des charges éminentes dans mes affaires si vous renoncez à la loi ancestrale de vos institutions. 8Adoptez la manière de vivre des Grecs, changez votre mode de vie, profitez de votre jeunesse ! 9Si vous me mettez en colère par votre désobéissance, vous me forcerez à recourir à de terribles châtiments et à faire périr chacun d'entre vous dans les tortures. 10Ayez pitié de vous-mêmes, puisque moi votre ennemi, j'ai pitié de votre jeunesse et de votre beauté. 11Réfléchissez donc à ceci : si vous me désobéissez, que gagnerez-vous sinon de mourir dans les tortures ? »
12Ces mots prononcés, il ordonna de placer bien en évidence les instruments de torture, afin de les convaincre par la peur de manger des aliments impurs. 13Alors les gardes apportèrent des roues, des instruments pour disloquer les articulations, des chevalets, des crocs, des catapultes, des chaudrons, des poêles, des gants, des mains de fer, des coins, des soufflets pour le feu. Reprenant la parole, le tyran dit : 14« Jeunes gens, tremblez : la justice que vous vénérez sera indulgente avec vous qui aurez agi contre la Loi sous la contrainte. »
15Mais eux, ayant entendu ces propos séduisants et vu ces instruments terribles, non seulement n'eurent pas peur, mais ils s'opposèrent au tyran grâce à leur philosophie ; par leur raison, ils renversèrent sa tyrannie.
16Cependant réfléchissons : si quelques-uns d'entre eux avaient été timides et lâches, quels arguments auraient-ils utilisés ? Probablement ceux-ci : 17« Malheureux et insensés que nous sommes ! Un roi nous invite et nous exhorte pour notre bien, et nous n'allons pas lui obéir ? 18Pourquoi mettre notre joie dans ces vaines résolutions et oser une désobéissance fatale ? 19Frères, n'allons-nous pas craindre ces instruments de torture ? N'allons-nous pas réfléchir aux menaces de torture et abandonner cette vaine gloire et cette funeste vantardise ? 20Ayons pitié de notre jeunesse, ayons pitié de la vieillesse de notre mère ! 21Mettons-nous bien dans l'esprit qu'en désobéissant, nous mourrons. 22La justice divine nous pardonnera, nous qui craignons le roi sous la contrainte. 23Pourquoi nous arracher nous-mêmes à la vie si agréable et pourquoi nous priver nous-mêmes de ce monde si doux ? 24Ne faisons pas violence à la nécessité et ne recherchons pas la vaine gloire au prix de notre torture. 25La Loi elle-même ne voudrait pas nous punir de mort pour avoir craint les instruments de torture. 26D'où nous vient un tel goût de la querelle et pourquoi cette fermeté fatale nous plaît-elle, alors qu'il est possible de vivre dans la tranquillité en obéissant au roi ? » 27Mais les jeunes gens, sur le point d'être torturés, ne dirent ni ne pensèrent rien de semblable.
28Car ils méprisaient les passions et ils étaient les dominateurs absolus des souffrances, 29si bien qu'au moment même où le tyran cessait de leur conseiller de manger des aliments impurs, tous ensemble, d'une seule voix et d'une seule âme, ils dirent :