Second discours d’Éliphaz à Job
V. 1-16: cf. Job 16:1-5. (Job 25:4-6; 14:4. Ps 51:7.)
1Éliphaz de Théman prit la parole et dit:
2Le sage répond-il par un vain savoir?
Se gonfle-t-il la poitrine du vent d’orient?
3Est-ce par d’inutiles propos qu’il se défend?
Est-ce par des discours qui ne servent à rien?
4Toi, tu détruis même la crainte de Dieu,
Tu anéantis tout mouvement de piété devant Dieu.
5Ton iniquité dirige ta bouche,
Et tu prends le langage des hommes rusés.
6Ce n’est pas moi, c’est ta bouche qui te condamne.
Ce sont tes lèvres qui déposent contre toi.
7Es-tu né le premier des hommes?
As-tu été enfanté avant les collines?
8As-tu reçu les confidences de Dieu?
As-tu dérobé la sagesse à ton profit?
9Que sais-tu que nous ne sachions pas?
Quelle connaissance as-tu que nous n’ayons pas?
10Il y a parmi nous des cheveux blancs, des vieillards,
Plus riches de jours que ton père.
11Tiens-tu pour peu de chose les consolations de Dieu,
Et les paroles qui doucement se font entendre à toi?…
12Où ton cœur t’entraîne-t-il,
Et que signifie ce roulement de tes yeux?
13Quoi! C’est contre Dieu que tu tournes ta colère
Et que ta bouche exhale de pareils discours!
14Qu’est-ce que l’homme, pour qu’il soit pur?
Celui qui est né de la femme peut-il être juste?
15Si Dieu n’a pas confiance en ses saints,
Si les cieux ne sont pas purs devant lui,
16Combien moins l’être abominable et pervers,
L’homme qui boit l’iniquité comme l’eau!
17Je vais te parler, écoute-moi!
Je raconterai ce que j’ai vu,
18Ce que les sages ont fait connaître,
Ce qu’ils ont révélé, l’ayant appris de leurs pères.
19A eux seuls appartenait le pays,
Et parmi eux nul étranger n’était encore venu.
20Le méchant passe dans l’angoisse tous les jours de sa vie,
Toutes les années qui sont le partage de l’impie.
21La voix de la terreur retentit à ses oreilles;
Au sein de la paix, le dévastateur va fondre sur lui;
22Il n’espère pas échapper aux ténèbres,
Il voit l’épée qui le menace;
23Il court çà et là pour chercher du pain,
Il sait que le jour des ténèbres l’attend.
24La détresse et l’angoisse l’épouvantent,
Elles l’assaillent comme un roi prêt à combattre;
25Car il a levé la main contre Dieu,
Il a bravé le Tout-Puissant,
26Il a eu l’audace de courir à lui
Sous le dos épais de ses boucliers.
27Il avait le visage couvert de graisse,
Les flancs chargés d’embonpoint;
28Et il habite des villes détruites,
Des maisons abandonnées,
Sur le point de tomber en ruines.
29Il ne s’enrichira plus, sa fortune ne se relèvera pas,
Sa prospérité ne s’étendra plus sur la terre.
30Il ne pourra se dérober aux ténèbres,
La flamme consumera ses rejetons,
Et Dieu le fera périr par le souffle de sa bouche.
31S’il a confiance dans le mal, il se trompe,
Car le mal sera sa récompense.
32Elle arrivera avant le terme de ses jours,
Et son rameau ne verdira plus.
33Il sera comme une vigne dépouillée de ses fruits encore verts,
Comme un olivier dont on a fait tomber les fleurs.
34La maison de l’impie deviendra stérile,
Et le feu dévorera la tente de l’homme corrompu.
35Il conçoit le mal et il enfante le mal,
Il mûrit dans son sein des fruits qui le trompent.