1« Qu'attends-tu, ô tyran ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les commandements de nos pères. 2En effet, nous rougirions avec raison devant nos ancêtres si, dans notre obéissance à la Loi, nous ne prenions pas Moïse comme conseiller. 3Tyran, conseiller de la transgression, toi qui nous hais, n'aie pas plus pitié de nous que nous avons pitié de nous. 4Car nous pensons que ta pitié qui nous propose le salut par la transgression de la Loi est plus dure à supporter que la mort elle-même. 5Tu tentes de nous effrayer en nous menaçant de la mort par les tortures, comme si tu n'avais rien appris d'Eléazar, il y a un instant. 6Si les vieillards des Hébreux en endurant les tortures pour la cause de la piété sont demeurés pieux, il est plus juste encore que nous mourions, nous les jeunes, en méprisant les tortures de ta contrainte, dont a triomphé même ce vieil homme notre maître. 7Essaye donc, tyran ! Mais si tu prends nos vies et nous fais mourir pour la cause de la piété, ne pense pas que tu nous fais du tort en nous torturant, 8car nous, par notre souffrance et notre persévérance, nous obtiendrons la récompense de la vertu et nous serons auprès de Dieu pour qui nous souffrons. 9Mais toi, à cause de notre meurtre dont tu vas te souiller, tu souffriras par le feu le tourment éternel mérité de la part de la justice divine. »
Martyre du frère aîné
10Quand ils eurent prononcé ces paroles, le tyran non seulement s'irrita de leur désobéissance, mais devint même plus furieux en raison de leur ingratitude. 11A son ordre les gardes amenèrent l'aîné des frères et, après avoir déchiré sa tunique, ils lui lièrent les mains et les bras des deux côtés avec des lanières. 12Après l'avoir frappé avec des fouets jusqu'à ce qu'ils soient fatigués, n'obtenant rien de lui, ils le jetèrent sur la roue. 13Etendu sur elle, le noble jeune homme fut désarticulé.
14Alors que tous ses membres se brisaient, il accusait : 15« Impur tyran, ennemi de la justice céleste, cœur inhumain, ce n'est pas un meurtrier que tu tortures de la sorte ni un impie, mais un défenseur de la Loi divine. » 16Les gardes lui disaient : « Consens à manger afin de te délivrer des tortures. » 17Il leur dit : « Votre roue n'est pas assez forte, ô impurs serviteurs, pour étouffer ma raison. Coupez mes membres, brûlez mes chairs, tordez mes jointures : 18à travers toutes ces tortures, je vous montrerai que seuls les enfants des Hébreux sont invincibles dans la défense de la vertu. » 19Pendant qu'il disait ces mots, ils placèrent au-dessous de lui un feu qu'ils attisaient en tendant la roue encore plus fort. 20La roue était toute souillée de sang, le tas de charbons brûlants s'éteignait sous une pluie de sang, et les chairs se répandaient autour des essieux de la machine. 21Tandis que la charpente des os se consumait déjà, le magnanime jeune homme, vrai fils d'Abraham, ne poussa pas un cri ; 22mais, comme si dans le feu il était transformé en un être incorruptible, il supporta noblement les souffrances. 23« Imitez-moi, mes frères, disait-il ; n'abandonnez pas ma lutte, n'abjurez pas notre fraternité dans le courage, 24combattez le saint et noble combat pour la cause de la piété. C'est par elle que la juste providence qui a protégé nos pères deviendra bienveillante à l'égard de notre peuple et punira le tyran maudit. » 25En prononçant ces mots, le saint jeune homme rendit l'âme.
Martyre du second frère
26Tous furent émerveillés par sa fermeté d'âme ; les gardes amenèrent ensuite le second en âge, et ayant ajusté leurs gants de fer aux ongles pointus, ils le lièrent à l'instrument de torture et à la catapulte. 27Avant de le torturer, ils lui demandèrent s'il voulait manger, mais ils entendirent sa noble résolution. 28Avec leurs mains de fer, tels des tigres sauvages, ils arrachèrent toute la chair depuis les tendons de la nuque jusqu'au menton et toute la peau de la tête. Lui, supportant cette souffrance avec courage, disait : 29« Combien est douce chaque forme de mort pour la cause de notre ancestrale piété ! » Au tyran il dit : 30« Ne crois-tu pas, ô le plus cruel des tyrans, que tu es torturé plus que moi en voyant ton arrogante raison de tyran vaincue par notre endurance pour la cause de la piété ? 31Car moi, avec les plaisirs que m'apporte la vertu, j'allège ma douleur, 32mais toi, tu es torturé dans les menaces de ton impiété, et tu n'échapperas pas, impur tyran, aux jugements de la colère divine. »